Can Increasing Inequality Be a Steady State?

Historically, discussions of income inequality have emphasised cross-sectional comparisons of levels of inequality of income. These comparisons have been used to argue that countries with more inequality are less healthy, less democratic, more crime-infested, less happy, less mobile and less equal in economic opportunity, but such comparisons implicitly presume that current levels of inequality are steady state outcomes. However, the income distribution can only remain stable if the growth rate of income is equal at all percentiles of the distribution. This paper compares long-run levels of real income growth at the very top, and for the bottom 90% and bottom 99% in the United States, Canada and Australia to illustrate the uniqueness of the post-WWII period of balanced growth (and consequent stability in the income distribution). The ‘new normal’ of the United States, Canada and Australia is ‘unbalanced’ growth – specifically, over the last thirty years the incomes of the top 1% have grown significantly more rapidly than those of everyone else. The paper asks if auto-equilibrating market mechanisms will spontaneously equalise income growth rates and stabilise inequality. It concludes that the more likely scenario is continued unbalanced income growth. This, in turn, implies, on the economic side, consumption and savings flows which accumulate to changed stocks of indebtedness, financial fragility, and periodic macroeconomic crises; and, on the social side, to increasing inequality of opportunity and political influence. Greater economic and socio-political instabilities are therefore the most likely consequence of increasing income inequality over time. Souvent, la question des inégalités de revenu est traitée essentiellement à travers des comparaisons transversales entre les niveaux d’inégalité de revenu, et on se fonde sur ces comparaisons pour conclure que dans les pays les plus concernés, les inégalités de revenu se traduisent par un moins-disant en matière de santé, de démocratie, de criminalité, de bonheur et d’opportunités économiques. Mais ces comparaisons posent implicitement que les niveaux actuels d’inégalité sont constants. Or, la distribution des revenus ne peut être constante que si les revenus croissent au même rythme à tous les centiles de la distribution. Dans le présent document, on compare les niveaux de croissance réelle des revenus à long terme tout au sommet de l’échelle ainsi que pour les 90 % et 99 % inférieurs aux États-Unis, au Canada et en Australie afin d’illustrer la particularité propre à la période post-1945, caractérisée par une croissance équilibrée (et donc par la stabilité dans la distribution des revenus). Aux États-Unis, au Canada et en Australie, la « nouvelle norme » est celle d’une croissance « déséquilibrée » - ces trente dernières années, les revenus des 1 % les plus riches ont augmenté bien plus rapidement que tous les autres. Ce document pose la question suivante : des mécanismes d’équilibrage du marché vont-ils spontanément égaliser les taux de croissance du revenu et stabiliser l’inégalité ? Il conclut que le scenario le plus probable est la persistance d’un déséquilibre de la croissance des revenus, qui aura des répercussions économiques (variation des stocks d’endettement due à l’évolution de la consommation et de l’épargne, fragilité financière et déclenchement périodique de crises macroéconomiques) et sociales (hausse des inégalités des chances et des inégalités de poids politique). Le creusement continu des inégalités de revenu se traduira donc selon toute vraisemblance par une instabilité économique et socio-politique accrue.