Lacan et la connaissance commune : « l’énigme des trois prisonniers »

En mars 1945, le psychanalyste Jacques Lacan publie un article intitulé « Le Temps Logique et l'Assertion de Certitude Anticipée. Un Nouveau Sophisme ». A sa parution, cet article passe complètement inaperçu tant son contenu tranche avec les précédents travaux de Lacan : il y traite, en effet, d'un problème de logique. Ajoutons que le manque de visibilité dont l'article a souffert est également dû à Lacan dans la mesure où, pendant près de 10 ans, il n'en fera aucune mention donnant l'impression qu'il correspond à une simple parenthèse. Il faudra attendre son Discours de Rome de 1953 et sa rupture avec la Société Psychanalytique de Paris pour qu'il y revienne et en souligne l'importance. Depuis, « Le Temps Logique » a été abondamment commenté, notamment par des psychanalystes et des philosophes. L'un des arguments généralement mis en avant pour justifier son originalité réside dans le mode de raisonnement développé par Lacan, celui-ci étant en lien avec la théorie des jeux.Toutefois, malgré la place prise par cet article en psychanalyse, il reste encore méconnu tant par ceux qui développent la théorie des jeux que de ceux qui l'appliquent. Dans notre article, nous nous sommes proposés d'analyser le mode de raisonnement adopté par Lacan dans le « Temps Logique » afin de montrer combien il a été novateur. Cela nous permet de montrer que, même si cela n'est pas encore reconnu, Lacan a parfaitement sa place dans l'histoire de la théorie des jeux.