Le capitalisme, un objectivisme ? De l’intérêt d’une approche existentialiste critique

Il y a un continuum entre les approches économiques, apparemment dispersées, portant sur le capitalisme : épistémologiquement, elles se situent toutes sur un plan objectiviste, presque structuraliste, dans la mesure où le capitalisme s'impose du dehors, de l'extérieur, au travers de choses, d'agencements et de relations. En ce sens, économie et capitalisme sont les deux faces d'une même pièce : l'économie est capitaliste, le capitalisme est économique. Or, c'est une pièce insaisissable qui risque de tomber, selon les mots de Bourdieu (1975), dans « l'irréalité de l'articulation théoréticiste », dans la mesure où elle fait abstraction du monde vécu, c'est-à-dire de toute l'épaisseur subjective par laquelle j'existe ce monde. Sans elle, le capitalisme apparaît comme une construction théoriquement très structurée, très organisée, mais vide de sens. Ainsi, l'enjeu de cette contribution est le suivant : comment penser le capitalisme au sein du vécu ? Autrement dit, comment ramener le problème du capitalisme dans le problème de l'existence ?