IDEAS home Printed from https://ideas.repec.org/p/hal/wpaper/hal-04249517.html
   My bibliography  Save this paper

L'investissement public de la ville de Paris : Un état des lieux

Author

Listed:
  • Xavier Ragot

    (OFCE - Observatoire français des conjonctures économiques (Sciences Po) - Sciences Po - Sciences Po)

  • Cédric Oppé
  • Adeline Gueret
  • Aurélien Saussay

    (OFCE - Observatoire français des conjonctures économiques (Sciences Po) - Sciences Po - Sciences Po)

  • Pierre Madec

    (OFCE - Observatoire français des conjonctures économiques (Sciences Po) - Sciences Po - Sciences Po)

  • Eloi Laurent

    (Sciences Po - Sciences Po, Stanford University, ENPC - École des Ponts ParisTech, OFCE - Observatoire français des conjonctures économiques (Sciences Po) - Sciences Po - Sciences Po)

Abstract

L'objectif de ce rapport est d'analyser le plan d'investissement de la Ville de Paris et ses effets économiques. Par ailleurs, une estimation des besoins en logement est fournie. Enfin, des propositions de mises en place d'indicateurs de bien-être, outil essentiel pour la décision publique sont présentées. Le rapport est composé de quatre chapitres. I. Le premier chapitre est descriptif. Il étudie les dépenses de la Ville de Paris en utilisant une base de données regroupant l'ensemble des dépenses par entreprise mandatées de la collectivité parisienne de 2008 à 2017 pour la commune et le département de Paris. On distingue les dépenses totales et les dépenses spécifiques d'investissement. Les résultats principaux sont les suivants. L'investissement réel de la Ville de Paris est plus orienté vers les PME (entre 25 et 30 %) que l'ensemble de ses dépenses (autour de 20 %). En se focalisant sur les dépenses vers les PME, il apparaît que l'investissement réel se dirige vers des PME plus jeunes que le reste des dépenses. Concernant l'ensemble des dépenses, si la part des dépenses effectuées hors Île-de-France au cours des années reste constante, autour de 4-5 %, celle des versements à des entreprises parisiennes augmente assez régulièrement depuis 2008, en passant de 72 % à environ 85 % en 2016. Les dépenses d'investissement sont moins concentrées sur les entreprises parisiennes : seules 50 à 60 % d'entre elles vont vers celles-ci, le reste de l'Île-de-France recevant entre 25 et 40 % de l'investissement selon les années. Les montants dépensés dans l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) restent relativement constants au cours du temps. Enfin, on observe une relative stabilité dans la répartition de l'investissement entre les secteurs de la construction, des transports, des activités immobilières et des activités spécialisées scientifiques et techniques. II. Afin d'étudier l'effet des dépenses d'investissement de la Ville de Paris sur la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat des ménages au niveau de la région Île-de-France, nous élaborons un modèle multisectoriel adapté au contexte régional francilien. Ce modèle est une adaptation du modèle multisectoriel ThreeME. L'objectif est d'estimer l'effet des dépenses de la Ville de Paris, en simulant les effets économiques qu'aurait induit une baisse des dépenses. Ce scénario contrefactuel sert donc à estimer les effets induits à court terme. Les résultats de ce deuxième chapitre illustrent la place importante qu'occupe l'investissement public de la Ville de Paris au sein de l'ensemble de la région Île-de-France. Une baisse de l'ordre de 25 % du volume annuel d'investissement sur la durée d'une mandature aurait des conséquences négatives immédiates pour l'ensemble de l'activité économique de la région. Toutefois, c'est à moyen terme que les destructions d'emploi et d'activité seraient les plus significatives, avec près de 50 000 équivalents temps plein détruits à l'issue d'une telle période de restriction budgétaire. Toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire en particulier à niveau constant d'investissement des autres acteurs publics et privés, le PIB régional baisserait de 0,6 %. La composition sectorielle des impacts reflète l'interaction des secteurs où investit principalement la Ville de Paris et la structure de l'activité régionale en Île-de-France. Sans surprise, les deux principaux secteurs récipiendaires des investissements de la Ville de Paris – les services commerciaux et le secteur de la construction – seraient les plus touchés, avec une baisse de l'activité de 0,8 % et 0,5% respectivement. Ces deux secteurs perdraient respectivement près de 3 700 et 25 000 emplois. Il convient toutefois de mettre ces résultats en perspective au regard de l'ensemble du bassin d'emploi francilien : même pour ce secteur le plus menacé, les destructions d'emplois ne représenteraient que 1% du total des emplois de services en Île-de-France. III. Prix immobiliers et loyers élevés, sur-représentation du parc locatif, tensions foncières, construction et donc offre nouvelle insuffisante, mobilités résidentielles ralenties et vacances élevées sont autant de spécificités du marché parisien que des investissements massifs dans le secteur du logement seraient à même, en plus de générer de nombreux emplois, de résoudre. La mobilisation d'une partie des moyens alloués au plan d'investissement parisien semble à même de résoudre un certain nombre de blocages sus cités. Tout en nourrissant l'emploi du secteur du bâtiment parisien, l'investissement dans le secteur du logement a pour vocation d'engendrer de nombreuses externalités positives sur l'ensemble des marchés parisiens. L'objectif de troisième chapitre est de quantifier le « besoin » en logements de la Ville de Paris. Autrement dit, il s'agit, au vu du nombre de ménages en situation de mal logement, du nombre de ménages en situation d'attente de logement social ou encore des évolutions démographiques propres à la ville de Paris, de quantifier le nombre de logements qu'il conviendrait de mobiliser à la fois dans le stock existant (logements vacants, résidences secondaires, réallocation, …) mais également en « production neuve » si le stock ne permet pas à lui seul de résorber ces « besoins ». Les pouvoirs publics parisiens ont engagé un processus de recensement des personnes sans abris, à la suite entre autres d'un débat récurrent quant au nombre de personnes en situation d'absence de logement personnel. La mise en lumière du nombre extrêmement important de situations de vie hors logement (36 910) ou en hébergement contraint (35 850) fait apparaître un besoin bien plus important que celui souvent estimé. Au total, plus de 70 000 logements devraient être produits pour pallier ces situations. Par ailleurs, du fait notamment du niveau des loyers du parc privé, une fois prises en compte les autres situations de mal logement et la réaffectation d'une partie des logements, les besoins en logement engendrés par l'existence de situations de surpeuplement s'élèvent à près de 15 000 logements. Si ces résultats sont grandement dépendants des hypothèses retenues, notamment démographiques, ils permettent d'appréhender les ordres de grandeur des objectifs de construction de logements à Paris. IV. Partout dans le monde, à tous les niveaux de gouvernement (Nations Unies, Union européenne, États comme l'Allemagne ou l'Italie, régions comme la Wallonie ou la province canadienne de Nova Scotia, métropoles comme Copenhague ou Grenoble, villes moyennes comme Santa Monica ou Bristol), s'est engagé un mouvement pour dépasser la croissance comme horizon social. Cette « transition du bien-être » vise non seulement à refonder notre compréhension du monde économique mais aussi et surtout à renouveler en profondeur nos politiques publiques. Elle est, selon l'expression d'Elinor Ostrom, une « transition polycentrique » : chaque niveau de gouvernement peut saisir cette opportunité pour se réinventer sans attendre que l'impulsion vienne d'en haut. La Ville de Paris s'inscrit dans cette dynamique mondiale qui s'est accélérée avec l'adoption en septembre 2015 des « Objectifs de développement durable » (ODD). En effet, Paris est désormais très engagée sur des dimensions essentielles du bien-être comme le développement humain (équilibre entre vie privée et vie professionnelle ou mobilité douce) et la qualité de l'environnement (qualité de l'air et lutte contre le changement climatique). Le quatrième chapitre vise à engager une démarche prospective en vue de construire et d'utiliser un indicateur de bien-être des Parisiennes et des Parisiens. Il commence par préciser pourquoi et comment mesurer le bien-être territorial, puis il passe en revue certains indicateurs territoriaux existants appliqués à Paris pour en montrer les limites. Il met ensuite en lumière les aspirations en matière de bien-être de la population parisienne pour montrer comment ces préférences sont prises en compte par le Programme d'Investissement de la Mandature (PIM). Il avance enfin des propositions quant à la méthode qui pourrait donner vie à un indicateur de bien-être de la population parisienne.

Suggested Citation

  • Xavier Ragot & Cédric Oppé & Adeline Gueret & Aurélien Saussay & Pierre Madec & Eloi Laurent, 2019. "L'investissement public de la ville de Paris : Un état des lieux," Working Papers hal-04249517, HAL.
  • Handle: RePEc:hal:wpaper:hal-04249517
    Note: View the original document on HAL open archive server: https://sciencespo.hal.science/hal-04249517
    as

    Download full text from publisher

    File URL: https://sciencespo.hal.science/hal-04249517/document
    Download Restriction: no
    ---><---

    Other versions of this item:

    More about this item

    Statistics

    Access and download statistics

    Corrections

    All material on this site has been provided by the respective publishers and authors. You can help correct errors and omissions. When requesting a correction, please mention this item's handle: RePEc:hal:wpaper:hal-04249517. See general information about how to correct material in RePEc.

    If you have authored this item and are not yet registered with RePEc, we encourage you to do it here. This allows to link your profile to this item. It also allows you to accept potential citations to this item that we are uncertain about.

    We have no bibliographic references for this item. You can help adding them by using this form .

    If you know of missing items citing this one, you can help us creating those links by adding the relevant references in the same way as above, for each refering item. If you are a registered author of this item, you may also want to check the "citations" tab in your RePEc Author Service profile, as there may be some citations waiting for confirmation.

    For technical questions regarding this item, or to correct its authors, title, abstract, bibliographic or download information, contact: CCSD (email available below). General contact details of provider: https://hal.archives-ouvertes.fr/ .

    Please note that corrections may take a couple of weeks to filter through the various RePEc services.

    IDEAS is a RePEc service. RePEc uses bibliographic data supplied by the respective publishers.