Des valeurs coopératives aux packages de contrôle de gestion : Quelles traductions sont à l’œuvre ?

Nous partons du constat que : « Pour comprendre la Coopération, il faut tenir compte de deux séries de considérations : l'idéal coopératif d'une part, l'existence de coopératives d'autre part ; ces deux séries sont distinctes et pourtant étroitement unies. Lorsqu'on envisage la première série, on est conduit à dresser un constat d'échec ; l'examen de la seconde en revanche nous met en présence de réussites incontestables. » R. Prévost, in Revue des Études Coopératives 2/144, 1966, p.107. Les valeurs coopératives telles que définies par l'Alliance Coopérative Internationale (https://ica.coop) jouent un rôle central pour les pratiques de gestion dans les sociétés coopératives ( Aude Deville, Éric Lamarque, Géraldine Michel, 2020.) En revanche, peu de travaux s'intéressent à la manière dont les valeurs coopératives structurent leurs systèmes de contrôle de gestion, les travaux les plus récents - mais l'idée est ancienne (Chomel et al, 1986) - , privilégiant la thèse de la convergence isomorphique (Maurel, 2008, 2020) et de la banalisation (Ansart, Artis, et al 2016) des outils de contrôle pour expliquer l'appropriation des outils capitalistes et la constitution de systèmes hybrides. Notre travail doctoral, s'inscrivant dans une démarche abductive se propose de mobiliser la théorie de la traduction ou Actor Network Theory (ANT) (Akrich, Callon et Latour, 2006) de sorte à analyse la place des valeurs dans la construction de systèmes de contrôle de gestion et plus particulièrement de vérifier si les valeurs coopératives sont traduites (au sens de l'ANT) dans ces systèmes de contrôle de gestion sous forme de package de contrôle (Malmi & Brown, 2008).