Books by employers as think tankers: shaping corporations' representation as citizens working for the global common good[Think tanks patronaux et imaginaires d’une entreprise citoyenne]

De longs rapports et livres publiés par des organisations qui revendiquent l'appellation de think tank plaident pour un ré-enchantement du rôle des entreprises dans la vie politique et sociale. Proches des lobbies, des ONGs pratiquant le plaidoyer, des clubs et des groupes politiques, ces think tanks patronaux sont constitués en association ou en fondation dont les membres sont des grands patrons, des hauts managers et des managers intermédiaires. Leurs discours institutionnels décrivent leur « raison d'être » comme étant de dynamiser « le marché des idées ». Ils prétendent à une certaine rigueur, mais affichent leurs préférences politiques. Les discours de légitimation insistent sur des considérations gestionnaires : améliorer ou optimiser l'allocation de ressources limitées. À l'international, ils entendent défendre et illustrer le caractère vertueux de la diplomatie d'entreprise. L'argumentation de ces rapports et livres mobilise à la fois des actions relevant de la « responsabilité sociale et environnementale » des entreprises et, de manière plus inattendue, des actions de lobbying « citoyen », « durable », « responsable », de « lobbying autrement » ou de « good lobbying ». Elle insiste enfin sur les liens de symbiose reliant les entreprises aux territoires d'implantation de leurs outils de production, de leurs lieux de stockage, transit, vente, etc. Les figures rhétoriques convoquées (écriture collective, polyphonie, marqueurs d'une forme d'auctorialité scien3fique, éditorialisation littéraire, concession, énumération) doivent renforcer la promesse d'une capacité d'autorégulation des entreprises et de leur bienfaisance dans la vie publique et politique, notamment à travers le développement des salariés.