Repenser l’attractivité des territoires : globalisation, durabilité et aménités

Avec la globalisation de l'économie, les firmes multinationales pensent leur localisation à une échelle mondiale (Bourdeau-Lepage, 2013a), ce qui impose de reconsidérer le nouvel univers des stratégies des entreprises et de comprendre les facteurs à la source de leurs choix de localisation. Dans ce contexte, il semble important de prendre toute la mesure de l'attractivité des territoires. Les disponibilités en capital humain, niveau et densité d'équipements, infrastructures, accessibilité au marché et cadre institutionnel, en rapport avec les aménités urbaines, sont ainsi les principales causes mises en avant par les chercheurs, que ce soit au niveau théorique ou empirique. Cependant, aujourd'hui, d'autres éléments semblent également jouer dans l'attractivité des territoires pour les entreprises et les ménages. En effet, pour ne prendre que deux exemples, le processus de verdissement de la société et l'émergence de l'homo qualitus (Bailly et Bourdeau-Lepage, 2011 et Bourdeau-Lepage, 2012 et 2013b) conduisent i) les individus à choisir aussi leur lieu de vie en fonction de critères environnementaux et ii) les entreprises à s'interroger sur la qualité de vie qu'elles fournissent à leurs employés lorsqu'elles s'installent sur un territoire. Ainsi, la qualité des territoires – que nous qualifions de durable en référence aux préoccupations environnementales - apparaît comme un élément à prendre en considération, aux côtés des facteurs classiques de l'attractivité, si nous voulons saisir tous les éléments du choix de localisation des individus et des entreprises. Dans ce chapitre, nous justifierons la nécessité de repenser l'attractivité des territoires, en soulignant tout d'abord les éléments clefs à la source de ce changement. En toile de fond nous défendrons l'idée que la question environnementale, alliée à la globalisation, oblige à repenser l'attractivité présente et future des territoires. Par ailleurs, nous retiendrons l'hypothèse selon laquelle, dans le contexte actuel, les ménages, et dans une moindre mesure les entreprises, pensent autrement leur localisation. Ensuite, nous nous concentrerons sur les éléments moins classiques de l'attractivité, qui composent la qualité durable des territoires. À cette fin, nous mobiliserons les différents types d'aménités identifiés dans la littérature économique : historiques, naturelles et sociales (Brueckner et al., 1999 ; Huriot et Bourdeau-Lepage, 2009), car nous considérons qu'ils peuvent servir de base à la détermination de la qualité durable d'un territoire. Par la suite, nous présenterons les variables statistiques et les indicateurs composites que nous avons choisis pour évaluer les trois dimensions de la qualité durable sur un territoire. Enfin, nous conduirons une application sur données de 2007 à travers les territoires communaux de l'Île-de-France pour illustrer les possibilités d'analyse qu'offre notre méthode. Elle révèlera l'existence d'une différenciation importante en matière de qualité durable entre les communes francilienne, questionnant les niveaux d'attractivité des territoires franciliens.