The production cooperative to the prism of the market[La coopérative de production au prisme du marché]

Parent pauvre de l'historiographique de l'histoire des entreprises les sociétés coopératives de production (scop) sont quasiment absentes des bilans bibliographiques que les historiens économistes dressent régulièrement pour faire l'état de leur discipline . Le délaissement de cette forme particulière de société est surprenant. Pourtant, les scop ont été, dans certains secteurs d'activité et selon les périodes, des entreprises clefs dans le développement économique. Seules des sources originales peuvent apporter des réponses aux questions que nous nous posons actuellement sur des modes d'économie alternatives. Dans le domaine économique par exemple, nombre de questions se posent sur la robustesse des scop en période de crise, de la périodisation des formes de gouvernance (une scop d'aujourd'hui n'a rien à avoir avec celle de l'entre-deux-guerres), de l'accès au marché de leur secteur d'activité , etc. Nous voudrions dans cette communication essayer de poser un nouveau regard sur l'histoire des Scop en replaçant l'économie au centre de nos investigations. Remettre en quelque sorte, les Scop sur leurs pieds (économie) pour voir le politique et le social d'une autre façon. La présente contribution s'appuie sur le fonds d'archives de la Société coopérative ouvrière de production L'Avenir et, c'est grâce à la richesse de ce fonds que nous allons pouvoir tester des hypothèses de recherche et poser un certain nombre de questions que nous jugeons essentielles. La première concerne la question de la performance de cette scop dans une période où nombre d'entreprises périclitent. L'éclatante santé financière de cette scop déteint dans une conjoncture, somme toute morose. À travers une analyse de sa comptabilité, nous montrerons les leviers de sa réussite tant du point de vue organisationnel (statuts), comptable (étude des bilans et comptes d'exploitation) qu'humain (œuvres sociales, dualité de main-d'œuvre,). La seconde, centrée sur les marchés de la scop à partir des registres de la comptabilité clients, permet d'atteindre l'essence même de son fonctionnement : ses marchés. Même si la division demeure artificielle dans le sens où la marche de la Scop ne peut être dissociée de ces débouchés, il nous est apparu préférable de traiter cette question sous cet angle pour une question de lisibilité. Les liens entre scop et marchés constituent, à nos yeux, une problématique stimulante. Pour ce faire, nous décortiquerons la législation sur les marchés publics spécifiques aux scop avec notamment l'accès privilégié voire exclusif au marché des Habitations à bon marché (HBM) et analyserons les liens que son directeur Antoine Charial a tissé tout au long de son mandat, liens de nature tant politiques qu'économiques afin de saisir comment la scop a pu s'insérer dans ces réseaux locaux et pourquoi, elle est devenue une entreprise incontournable dans les marchés publics locaux du bâtiment (HBM, groupe scolaire, etc.).