Un doute incarné pour améliorer la sécurité ? Le cas des pratiques professionnelles liées à la montagne

Le doute, en tant qu'attitude systématique – et non comme moment fugitif possiblement inhibiteur de nos décisions – est rarement abordé de front. Or, en matière de sécurité, celui-ci peut / doit ( ?) être un processus capable d'accroître la capacité de résilience des organisations qui le mettent en place. C'est ce à quoi nous invitent Karl Weick et d'autres collègues intéressés par le management dans l'imprévu. A partir d'une recherche collaborative et en se fondant sur les processus de sensemaking, la présente communication examine tout d'abord comment une telle attitude s'inscrit – ou non – dans les activités conduites par les professionnels de la haute montagne. En situation, le Guide de Haute Montagne est bien souvent seul décideur-pivot pour faire sens de la dynamique de la progression. Le travail défend ensuite une construction disciplinée du doute (doubting) basée sur les capacités cognitives et corporelles des professionnels. Cette construction permet d'enrichir la perspective weickienne en mettant en exergue les processus pré-réfléchis qui fondent leur expertise. A partir de deux épisodes contrastés vécus par François, la communication propose ainsi une première reconsidération d'un doute positif à exercer dans les pratiques liées à la montagne et, plus généralement, dans certains systèmes artisanaux.