Du jazz d'improvisation aux standards : Innovation et qualité dans les PME

Si le management de la qualité, adossé à l'un de ses principaux supports qu'est le référentiel ISO 9000, renvoie à l'établissement de procédures stabilisées et codifiées, donc à une certaine rigueur et rationalisation formelle dans le fonctionnement de l'organisation, la question se pose de sa relation avec les processus d'apprentissage organisationnel [Bénézech et Loos-Baroin (2003) ; Lambert et Ouedraogo (2010)] ou même plus globalement avec les capacités d'innovation de l'entreprise [Prajogo et Sohal (2006)]. On peut en effet concevoir une ambiguïté fondamentale entre ces deux notions, la qualité pouvant être vue comme axée sur le contrôle des comportements [Pesqueux (2008) ; Honoré (2007)] et venant rigidifier l'organisation tandis que l'innovation peut faire référence à une certaine liberté dans les modes d'action et plus globalement dans les schémas de pensée. A contrario, en reprenant l'argument de Goldstein (1997) selon lequel le management de la qualité est plus proche des théories sur les capacités/capabilités que d'une approche rationnelle et financière de la firme, ou encore en rappelant les raisonnements de Winter (1995) sur la convergence entre le management de la qualité et l'approche évolutionniste de la firme, on pourrait considérer que management de la qualité et innovation sont deux phénomènes renvoyant tous deux à des processus d'apprentissage et de routines dynamiques, au sens de Feldman et Pentland (2003). Dans ce cadre, il nous semble que la pertinence intrinsèque de certains ce que l'on appelle désormais " les nouveaux outils de gestion " n'est encore que trop rarement interrogée, par exemple au regard des objectifs et des modes de fonctionnement particuliers d'organisations particulières que sont les PME. C'est donc cette question des liens entre certification, management de la qualité et innovation qui nous intéresse ici, dans le cas particulier des PME.