Le poison mortel de la tiercité inconsciente et inconséquente en management

La tiercité, définie comme une catégorie de la médiation, qui met en relation et qui construit du sens et du changement, est à la fois une ressource du management et une profonde menace pour lui. En effet, si l'on peut montrer que la fonction du tiers, dans une triangulation, est essentielle et souvent incontournable, on peut aussi montrer que la tiercité peut pervertir un système, principalement par effet de substitution. Cette dernière prive les acteurs et le système d'une prise en charge plus intégrée de leur devenir et d'une modification en profondeur de leurs pratiques. Si le tiers n'est pas à la bonne place et qu'il n'adopte pas une posture adaptée il peut singulièrement pervertir le fonctionnement d'un système social, en agissant de la mauvaise manière, au mauvais endroit. Devant les dégâts sociaux réels dans certaines organisations et la croissance perverse, non fondée et pathologique, des interpellations et des demandes de réparation à tout prix contre les entreprises, la tentation est grande de vouloir intercaler entre des manageurs et des managés (des personnes), puis entre un management et un corps social (des abstractions), des tiers qui viendraient jouer le rôle d'arbitre. Cette tentation est très pernicieuse car elle entérine l'idée que le management est condamné à être malfaisant, qu'il convient de le surveiller, de le contrer, de compenser ses méfaits... par des personnes et des fonctions quant à elles plus humaines et plus conséquentes : les tiers.