Entrepreneuriat, déficit de régulation et défaut de gouvernance : une approche conventionnaliste de l'entrepreneur en milieu hostile ?

Ce chapitre est consacré à l'entrepreneuriat en milieu hostile, avec un éclairage spécifique consacré à une économie en transition : l'Algérie. Les pays en transition concentrent l'essentiel des problématiques et des difficultés rencontrées en entrepreneuriat et dans le développement des PME. En particulier, l'Algérie offre un tableau relativement caractéristique des nombreux défis de l'entrepreneur au Maghreb. Ce travail repose d'abord sur théories de la Régulation que développe le Professeur François Perroux sous l'influence de l'économiste John Maynard Keynes, de certains sociologues tels Alain Touraine, Anthony Giddens et Pierre Bourdieu, ou des historiens de l'Ecole des Annales (Georges Duby, Fernand Braudel), théories qui sont propres à remettre les rapports sociaux au centre de l'analyse économique et à renouveler ainsi l'économie politique comme support de l'entrepreneuriat. Ainsi, partant des difficultés que rencontrent les dirigeants de PME en Algérie, nous nous sommes interrogés sur les raisons qui font que certaines PME évoluent néanmoins de manière positive, contre toute attente, dans ces environnements rationnellement hostiles (c'est-à-dire générant des coûts de transaction et de coordination anormalement prohibitifs compte tenu des déficits de régulation, de gouvernance, de compétences, d'outils de gestion et de ressources humaines idoines et performantes). A la lumière des théories conventionnalistes, il semble que les entrepreneurs algériens aient développé, pour ceux qui se maintiennent à des niveaux de performance appréciable, des capacités dynamiques de compromis et de conventions de comportements qui permettent de passer outre les environnements hostiles (internes ou externes) de l'entreprise. La théorie des conventions, et plus particulièrement celle de l'économie des grandeurs , offre un cadre d'analyse intéressant qui complète les analyses stratégiques des capacités dynamiques où les entrepreneurs s'emploient à combiner et recombiner sans cesse des connaissances, des compétences et des ressources stratégiques, humaines et financières.