Le juriste au coeur de la création de valeur

Cette Communication met en perspective tout à la fois l'objet Droit (appréhendé en tant que « science d'organisation » ) au sein de l'entreprise, et le projet d'entreprise dans la sphère juridique. L'évolution des perceptions du droit dans et pour l'entreprise a connu une dérivation épistémologique du positivisme étatique (droit contrainte) à l'analyse scientifique « sociologique » (favorisant la mise en place par l'entreprise de modèles juridiques les mieux adaptés aux comportements ou aux habitudes sociales) et à l'analyse scientifique « économiste » (de nature à accroitre la rationalité des décisions juridiques d'entreprises). Cette évolution significative a progressivement fait du matériau juridique un donné, puis un construit, et enfin un instrument de « problem solving » inversant la hiérarchie des normes en faveur des objectifs de l'entreprise. Le droit devient un espace de jeu, où les entreprises peuvent puiser des règles leur permettant de guider utilement leurs projets et leurs actions. Cette évolution pose alors la question de la contribution du Droit à la performance de l'entreprise, ou à sa création de valeur. Le droit devient un élément déterminant du management, et en particulier du management stratégique. Le « management juridique » consisterait précisément, à partir d'une meilleure intelligence des situations stratégiques dans lesquelles se trouve l'entreprise, à anticiper ses contraintes et à tirer profit des opportunités émergentes qu'elle rencontre. Cette approche peut aider à prendre des décisions juridiques avec une plus grande rationalité économique (dans un souci de maximisation des richesses ou de création de valeur plurielle), offrant au juriste la possibilité de sortir de certains raisonnements circulaires (ne chercher la solution que dans le droit et à l'aide du droit) en s'appuyant sur des référentiels sociaux, sociétaux, économiques ou de gestion. Cependant, comment mesurer la contribution du juriste ? Cette introduction traite dans un second temps de la mesure de la contribution du juriste à la consolidation des différents actifs immatériels en terme de pertinence (recettes, valeurs et économies réalisées) et en terme d'efficacité (contribution à la productivité). Nous développons l'hypothèse selon laquelle le succès des actions du juriste reposerait conjointement sur la valeur financière, la valeur stratégique et substantielle, et la valeur sociétale et institutionnelle des options qu'il propose, élargissant ainsi à la fois la sphère juridique des actions de l'entreprise, et la sphère managériale du focus juridique.