Etude des mécaniques d’exclusion dans les jeux vidéo : perspective sur l’identité sociale de genre

Les jeux vidéo, qui comptent près de 12 millions de consommateurs en France (France Esports, 2023), sont inégalitaires selon le genre. Les femmes ressentent un sentiment d'exclusion lorsqu'elles jouent, en raison du harcèlement ciblé qu'elles subissent en ligne et dans les espaces de jeu (Sarkeesian, 2011). Bien que la pratique des jeux vidéo soit majoritairement perçue comme une activité masculine, l'étude des facteurs expliquant l'exclusion des femmes, en tant que groupe minoritaire, n'a pas fait l'objet de recherches scientifiques spécifiques. Des travaux sur les pratiques sportives ont cependant mis en évidence des facteurs d'exclusion des filles, tels que le manque de subventions et d'offre sportive dédiée, ainsi que la prégnance des modèles traditionnels de féminité et de masculinité (Bohuon & Quin, 2012). Parmi les facteurs multiples de l'exclusion vécue par les joueuses de jeux vidéo, notre recherche vise à identifier les antécédents identitaires liés au genre en utilisant les théories de l'identité sociale et de l'auto-catégorisation (Tajfel & Turner, 1979). Cette étude s'inscrit dans le champ des recherches « sur l'adaptation aux expériences genrées » (Fischer, 2015, p.1719), qui évalue la manière dont les consommateurs font face à ces expériences lorsqu'elles sont désagréables, difficiles ou dégradantes. Dans ce contexte, le genre est « un terme qui renvoie à la culture : il concerne la classification sociale en masculin et féminin » (Oakley, 1972, p.115). Schroeder (2003, p.1) le considère comme un élément central de l'identité et « bien plus qu'une variable démographique, de personnalité ou de différences individuelles – c'est une construction cognitive de base (…) qui recoupe tout le domaine du comportement du consommateur ».