Un dialogue qui ne dit pas son nom ? Formes, usages et limites du dialogue professionnel en PME

À l'heure où les organisations sont invitées à « ouvrir des espaces de discussion sur le travail », le dialogue professionnel suscite un intérêt croissant en tant que levier de régulation, de reconnaissance et d'adaptation. Pourtant, ce concept demeure peu stabilisé scientifiquement, notamment dans les PME où les pratiques sont largement informelles. Cet article s'appuie sur une étude qualitative menée auprès de 11 PME françaises, au travers de 44 entretiens semi-directifs croisant les regards de quatre profils d'acteurs (salariés, managers, représentants du personnel, direction). L'objectif est de mieux comprendre comment le dialogue professionnel est défini, mis en œuvre et perçu dans les pratiques organisationnelles, et comment il s'articule – ou entre en tension – avec le dialogue social. Les résultats mettent en évidence une pluralité de représentations, une prédominance des formes informelles, et un besoin de structuration lisible. Le dialogue professionnel apparaît à la fois comme ressource de management, espace d'expression ou tentative d'innovation sociale, mais aussi comme un objet ambivalent dont la légitimité dépend de sa reconnaissance et de son articulation avec les formes de représentation collective.