Les pratiques de gestion des espaces de travail dans leur contexte et leurs effets. Lexèmes co-occurrents et ressource spatiale

Dans le tertiaire, nos environnements de travail subissent les conséquences des logiques économiques. Rationalisation des coûts, souplesse et flexibilité des infrastructures, standardisation des aménagements et des postes de travail: l'organisation matérielle de l'activité tertiaire tend à s'harmoniser. Certaines activités sont délocalisées pour réduire les coûts de salaire -par exemple, les centre d'appels, le off-shore pour le développement informatique -. Dans toutes les capitales, les locaux administratifs sont déménagés, réaménagés. Or, d'après la revue de littérature, l'espace de travail agit comme une ressource médiatrice (F.Lautier, 1999) de l'ordre technique et social de l'organisation (J. Girin, 1989). Peut-on réconcilier l'économique et le social? Analyser les pratiques de gestion des espaces de travail et leurs conséquences est une occasion particulièrement riche de discuter de cette question.Une recherche doctorale qualitative exploratoire porte sur douze situations exemplaires: délocalisations, déménagements, réaménagements, pratiques quotidiennes. A partir des travaux de A.Giddens (1984), deux questions de recherche sont posées. Dans quelle mesure les espaces de travail constituent-ils une ressource stratégique de l'action collective ? Quels sont les effets des pratiques de gestion des espaces de travail sur les organisations et sur les individus? Pour tenter d'y répondre, l'analyse de contenu est complétée par une analyse des lexèmes cooccurrents (méthode Alceste: M. Reinert, 1994, 2002, 2003). D'un point de vue théorique, une définition opératoire de la ressource spatiale est proposée. Les résultats confirment sa dimension sociale, notamment avec des implications sur des variables importantes de gestion des ressources humaines (l'autonomie et le contrôle, la confiance, le soutien perçu, la motivation au travail). La discussion rejoint les problématiques actuelles en gestion, en particulier sur l'institutionnalisation des pratiques (définition mondialisation selon G.Warnotte, 2000) et sur la distance entre sphères décisionnelles (ou stratégiques) et sphères opérationnelles. D'un point de vue pratique, les résultats montrent l'importance de l'espace dans le fonctionnement des organisations et invitent à une gestion plus sociale de la ressource spatiale.