Un regard socioéconomique et historique sur les modèles éthiques de la coopérative comme alternative à l'entreprise capitaliste

Cette communication part d'un questionnement : est-ce qu'il y a une éthique d'entreprise spécifique aux coopératives. L'hypothèse défendue est que ce n'est pas tant une éthique coopérative « en soi » qui serait différente d'autres entreprises (notamment capitalistes), mais que c'est la procédure collective et démocratique du choix de l'éthique d'entreprise qui différencie la coopérative de l'entreprise capitaliste. À partir de là, cette communication propose une mise en perspective historique pour montrer comment les coopératives ont pu défendre des modèles éthiques différents de l'entreprise capitaliste : au XIXe siècle en opposant l'associationnisme au patronage ; au XXe siècle autour de la République coopérative face au paternalisme et en complémentarité de l'État social ; et au XXIe siècle avec le modèle de la SCIC en réponse à l'essor de la RSE. Cette communication pointe enfin un autre élément de rupture (en s'inspirant des travaux d'Anne Salmon) : alors que les modèles éthiques de l'entreprise coopérative ou capitaliste du XIXe et XXe siècle sont des éthiques transcendantes qui s'appuient sur des principes politiques ou religieux supérieurs ; les modèles éthiques de la SCIC et de la RSE au XXIe siècle sont des éthiques immanentes qui s'appuient sur les principes mêmes de l'entreprise (démocratique ou capitaliste).