De nouvelles conditions de renouvellement de la population paysanne

Pendant longtemps, et spécialement jusqu'en 1950, le renouvellement de la population employée dans l'agriculture a été caractérisé par deux faits principaux. Le potentiel de recrutement était élevé, le solde du mouvement naturel (naissances moins décès) de la population agricole était nettement positif. A. Sauvy a calculé qu'entre 1900 et 1954 le nombre d'actifs agricoles aurait augmenté d'environ 820 000 unités du fait de cette évolution naturelle, en l'absence d'exode agricole. Si l'exode était, en fait, suffisamment important pour faire diminuer la population active agricole française, le déclin était relativement lent. C'est que la majorité des enfants nés à la campagne devenaient et restaient paysans. Les conditions de renouvellement de la classe paysanne se sont profondément modifiées depuis une vingtaine d'années. Les fils d'agriculteurs en sont venus à se détourner massivement de l'agriculture. Les conséquences quant à la reproduction de la population employée en agriculture seraient réduites si pour être paysan il n'était pas nécessaire le plus souvent d'être fils de paysan. Or, cette hérédité sociale persiste, contrairement à bien des souhaits, comme le montre cet article qui fournit une description chiffrée de l'évolution des flux qui contribuent à former la population active agricole ; l'analyse des mécanismes générateurs des transformations mises en évidence a été tentée dans des publications antérieures et se poursuit actuellement.