Le pilotage de la recherche entre reporting et coordination : le cas d’une université française

La loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) a eu pour effet de confier aux universités de nouvelles missions (orientation et insertion professionnelle) et de nouvelles charges (gestion des ressources humaines et gestion du patrimoine), tout en leur imposant de nouvelles modalités de gouvernance et d'organisation. Si les articles et ouvrages s'interrogeant sur les évolutions récentes à l'université sont nombreux, les impacts concrets dans la vie des organisations de type « laboratoire » sont peu décrits. Les rôles, et en particulier ceux des administrateurs professionnels intermédiaires, sont peu étudiés, alors que l'évolution de l'environnement entraîne inévitablement des changements de rôles à la direction des laboratoires. Cette recherche s'intéresse à ces changements de rôles au sein de l'université française. Une étude de cas enchâssés (Yin, 2009) a été conduite dans une université. La comparaison de plusieurs cas enchâssés, en l'occurrence 10 laboratoires de recherche, a permis de saisir des évolutions communes à plusieurs unités de recherche, le questionnement portant sur le pilotage, une thématique particulièrement valorisée par la LRU. Les directeurs de laboratoires soulignent que leur rôle s'inscrit de plus en plus dans une logique managériale mais relèvent aussi un manque de soutien dans ce processus de changement de rôle. Cette « absence » de soutien, s'explique en partie par la logique bureaucratique à l'œuvre dans l'administration centrale, qui conduit à un pilotage en central de type reporting. Les directeurs sont donc confrontés à une double logique : une logique managériale nécessaire au pilotage des opérations, et une logique bureaucratique nécessaire au reporting pour l'administration centrale.