Furtivité et archétype de l'Ombre, une passerelle entre psychanalyse et management ?

La question des interstices en management peut amener la recherche à se pencher sur l'importation de concepts, non codifiés ou non définis en Sciences de gestion. La réflexion tend alors à confronter des évidences et des interrogations, ces dernières restant parfois en suspens, lorsque la complexité structure l'environnement de la recherche. Dès lors, il est possible de procéder à des choix conceptuels, méthodologiques et stratégiques afin de s'avancer dans la complexité (Morin, 1990). Celle que nous avons choisie d'évoquer dans cet article est l'importation du concept de furtivité en Sciences de gestion. Cette approche revêt pourtant un double aspect scientifique. D'une part, la recherche s'avance inévitablement sur le champ particulier du côté sombre du management (Vaughan, 1999 ; Ricky & O'Leary-Kelly, 2004), d'autre part, elle passe par une vision nomade du concept pour le management (Stengers, 1987 ; Dumas, 1999 ; Gilbert, 2006). Cet article a donc pour but de présenter les interstices non codifiés que laissent, dans leur sillage, les phénomènes furtifs au sein des organisations. Cet article présente une passerelle entre le management et la psychanalyse, tout en mobilisant quelques apports propres à la pensée philosophique et politique. Mais notre volonté est claire dès le début. Les phénomènes furtifs posent les éléments d'un débat autour de l'individu, lorsque celui-ci évolue dans la complexité des situations professionnelles actuelles. Au travers d'un choix de verbatim issu d'entretiens qualitatifs, nous aborderons la complexité qui prend forme lorsqu'on tente de placer la furtivité entre management et psychanalyse. Les extraits rapportés seront mis en face à face avec l'archétype de l'Ombre propre à Carl Gustav Jung (1964). Celle-ci ouvre un nouvel espace de jeu entre le management et la psychanalyse, l'acteur rationnel et l'Ombre. Par certains côtés, le management se veut hyper-rationnel or la psychanalyse nous renvoie que cette démarche est une illusion. Elle a démontré que nos comportements, nos décisions reposent avant tout sur nos pulsions et notre inconscient, ce dernier nous échappant toujours quoiqu'on y fasse.