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D'Ulysse à Scapin en passant par Machiavel... Ou le Moi subverti par le sujet s'autorisant parfois à être malicieux

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  • Dominic Drillon

    (Groupe Sup de Co La Rochelle)

  • Georges Botet-Pradeilles

Abstract

Entre psychanalyse et management, parler d'interstices est un euphémisme, nous aurions pu dire aussi abîme. Pourtant l'objet de cette communication est de montrer quels espaces de liberté et d'action peuvent se créer si on les confronte l'un à l'autre. Lacan disait par l'une de ses formules joueuses : " Lorsque je suis, je ne me pense pas " en paraphrasant Descartes. Le valet de Comédie n'est pas dans la position de ses maîtres auxquels il importe de dominer, de contrôler, de savoir, de posséder, de séduire. Il est indifférent aux acquis hiérarchiques et territoriaux et mène son jeu malicieux dans l'invention, le plaisir et l'aventure. Son adaptation subjective lui donne une plasticité qui devient peu à peu sa nature qui rend plaisante et nécessaire la leçon de la Comédie. Le Moi dans ses schèmes, ses conditionnements, toutes les matérialités et les contraintes périphériques intériorisées qui le constituent, s'efface pour laisser place à une nouvelle vision, un nouvel énoncé, une émergence qui fait surprise et instaure un nouveau fonctionnement. Piaget voyait là le processus d'accommodation qui amène le vivant organique ou intelligent vers de nouveaux stades " majorants " d'équilibration... La quête de larves enfouies demandait un bec plus fin à certains pinsons de Darwin. La malice de l'évolution le leur donna par son jeu secret qui offre les moyens aux fins utiles sans nul secours d'une conscience. Les tensions du milieu créent des nouveautés qui ne sont pas affaire de volonté ou de facilitations opportunes... Cette excentration de toutes les logiques intentionnelles du Moi est une transformation. Lacan aurait dit que la pire chose pour un manager ou un psychanalyste serait de se prendre au signifiant de sa fonction dans cette certitude ou le Moi se cristallise et se conforte dans ses objets et ses appétits devenant ainsi propre à la caricature par sa surenchère de position, d'image et de préservation de l'acquis. Ne plus se croire à la lettre manager ou psychanalyste introduit le jeu au sens du théâtre qui donne un rôle. Le sujet libéré répond dans ce rôle au désir de l'Autre que représente le groupe, l'activité, le social, la culture. Cette mise en scène toujours en mouvement est dynamisante et fédératrice. Le Moi s'y oublie dans une énonciation qui le transcende. La psychanalyse et la comédie du " psychodrame " sont des situations d'émergence du sujet qui épuise là les tensions émotionnelles issues des défaillances perpétuelles et inéluctables de la relation d'objet et des réitérations névrotiques du Moi. Le groupe lui-même peut alors se constituer en sujet collectif dans le jeu au sens de Moréno et 2 Bion. Le sens qui apparaît dans la collectivisation de la métaphore qui transcende toujours celui que chacun tente d'extraire de la réalité. Les cités antiques trouvaient davantage leur cohérence sociale par leur théâtre que par l'argument politique. L'imaginaire nécessaire à l'humain est plus le fait de la transcendance (quasi esthétique) de l'énonciation que dans les raisons dont Talleyrand disait que le cumul finit par donner tort... On ne saurait tirer de cela la moindre régularité scientifique permettant le prédictif et l'organisation intentionnelle. L'aléatoire du jeu s'inscrit dans les complicités transférentielles. Chacun ignore ce qui est à venir. L'inconscient est maître de ce jeu. Seul importe l'émergent qui fait sens dans le registre de l'amour et de l'intelligence. De manière analogue le psychanalyste ne sait rien avant la parole de l'analysant. Cette liberté restaure le jeu du désir chez le patient qui prend goût à cette énonciation sans contraintes matérielles et dégagée de l'assujettissement à l'acte. La conscience et l'intentionnalité sont dégagées des efforts laborieux du Moi à soutenir ses positions, sa compétence et répondre aux demandes et regards d'autrui. L'émotion accompagne ici l'engagement et ne vient pas le contrarier. L'angoisse de perte de lien et d'objet qui accable souvent le Moi est tenue à distance. L'intuition Freudienne est venue là à point. La psychanalyse est par son dispositif le jeu dont la règle est le manque d'objet. Le praticien est présent/absent, il n'a nulle autre fonction que de faire jouer une vacuité qui devra devenir désirante et mobiliser l'appareil psychique vers une énonciation de nouvelles quêtes. La libre énonciation est un premier palier de restauration d'une activité créative de réinscription dans le champ du jeu social. La psychanalyse fait signe d'une nécessité métaphorique du désir (ou de l'angoisse) dans le manque interstitiel qu'elle crée. Il ne vient là rien qui comble ou révèle dans l'objectif d'une " guérison ". La conduite des hommes qu'est le management confronte éminemment au défaut d'objet. L'autre, quelle que soit sa position hiérarchique ou fonctionnelle fait potentiellement défaut comme la mère de nos civilisations occidentales qui alterne scrupuleusement le formalisme des soins et l'absence incompréhensible. La relation de travail fait rarement lien aujourd'hui. L'organisation sociale, quelle qu'elle soit, est pauvre en tissu symbolique et circulation de sens partagés. Il faut y renoncer décisivement aux convergences fusionnelles. C'est bien là, la fonction de la psychanalyse. Par son dispositif elle détache le sujet de l'adhésion fusionnelle et formelle à ses objets illusoires et en permet le deuil. Le jeu en bonne intelligence avec d'autres sujets échappe parfois ici aux enjeux...

Suggested Citation

  • Dominic Drillon & Georges Botet-Pradeilles, 2011. "D'Ulysse à Scapin en passant par Machiavel... Ou le Moi subverti par le sujet s'autorisant parfois à être malicieux," Post-Print hal-00827428, HAL.
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