Pour une approche gestionnaire du modèle de la profession

Depuis quelques années, on note à la fois un recours plus fréquent de la part des praticiens à l'image de la professionnalisation et une présence croissante de professionnels dans les organisations. La professionnalisation, désignant un mouvement vers un professionnalisme, est de plus en plus mobilisée dans les discours des managers pour accompagner les évolutions, par exemple et notamment les démarches qualité ou les recherches de flexibilité. Ces images de la professionnalisation et le modèle de la profession sont également très prégnants dans la littérature en Gestion des Ressources Humaines (GRH). Ces concepts trouvent leur source dans la sociologie des professions et reflètent un modèle dominant : celui dit de la trait approach. Ce modèle normatif, qui formule un idéal-type de régulation du travail, distinct de ceux du marché ou de la bureaucratie, pose cependant quelques problèmes dans la représentation du travail qu'il véhicule. D'une part, il oblige à se positionner par référence implicite à des professions bien établies, comme les médecins ou les avocats, quand les réalités organisationnelles apparaissent bien plus complexes et susceptibles d'interrogations plus pertinentes pour la gestion. La question posée par ces recherches est en effet souvent de statuer sur les collectifs de travail (par exemple, ces derniers sont-ils des demi- ou de véritables professionnels). D'autre part, la forte spécificité culturelle de la trait approach (reposant sur le modèle anglo-saxon, fortement différencié des approches françaises de la profession), pose la question de l'application possible du modèle à d'autres contextes. Au final, ce type de questionnement relatif à la trait approach nous semble fondamental à la fois pour la représentation du travail qu'il permet, mais également pour interroger la pertinence des modèles normatifs en général. Nous plaidons à cet égard pour le recours à des modèles pragmatiques de représentation du travail, qui permette de ne pas se laisser enfermer dans des modèles traduisant avant tout des formes historiques institutionnalisées. Nous présentons, pour aborder la question de la professionnalisation, le modèle du « système des professions », susceptible de fonder des représentations adaptées du travail dans un contexte organisationnel.