Mécanisme REDD à l’épreuve du marché

la négociation des nations unies sur les changements climatiques cherche à élaborer un mécanisme destiné aux pays en développement disposant de forêts pour les compenser financièrement de la réduction des émissions de carbone issues de la déforestation et de la dégradation des forêts. Mais ce mécanisme parviendra-t-il à faire contrepoids à la “faim de bois” des économies émergentes, notamment la Chine, qui renforce la pression sur les forêts tropicales ? Appliqué aux pays tropicaux, le concept des compensations REDD (c'est-à-dire des compensations financières pour la Réduction des Emissions [de carbone] issues de la Déforestation et de la Dégradation forestière) pose la question du rôle des pays émergents et en transition dans le commerce du bois. En d’autres termes, peut-on mettre en úuvre des politiques de REDD réalistes quand la demande des pays émergents comme la Chine renforce largement la pression sur les forêts tropicales ? Derrière cette question, il y a l’idée que la REDD, qui cherche à rendre la “conservation forestière” économiquement compétitive par rapport aux moteurs de la déforestation , au-delà d’être uniquement un outil de lutte contre le changement climatique via son action sur les émissions de carbone, est à relier aux autres outils de protection des forêts tropicales (tels que les boycotts de bois tropicaux, l’écocertification des forêts, les accords bilatéraux de commerce type FLEGT ). En cela le mécanisme REDD pourrait rencontrer les mêmes écueils que ces autres outils de marché. Pour examiner la pertinence de cette question, et y apporter des éléments de réponse, il faut d’abord rappeler en quoi les réalités de l’économie des bois tropicaux ont pu constituer des obstacles à ces outils de marché, puis discuter en quoi l’outil REDD ressemble à, ou diffère de ces outils, afin de comprendre la portée et les limites des leviers stratégiques à actionner dans ce contexte.