Le mystère des droits de propriété chez Hernando de Soto

Il est 7h00 du matin. Au coin de la rue, un cordonnier, comme à son habitude, il déballe ses affaires : machines, chaussures réparées et les autres, sa chaise et sa table, ce qu’il utilisera pour se protéger de la pluie, du soleil ou du vent, sa caisse, etc. Certes, il n’a pas un droit de propriété légal ni sur l’emplacement, ni sur l’exercice de son activité. Mais il a un droit de propriété reconnu par le voisinage, par sa profession, et par la police municipale. Il bénéficie de la confiance des riverains puisqu’ils le laissent rentrer chez lui chaque soir avec leurs chaussures. Il bénéficie aussi du respect puisqu’il fait du bon travail. La concurrence est rude, certes, mais motivante. Rendre l’ouvrage bien fait, en temps promis, au prix négocié au moment du dépôt est la seule garantie de pouvoir conserver sa place et sa clientèle. Son gagne pain n’est en quelque sorte protégé que par ses actions. Hernando De Soto observe cet homme. Il constate la dureté de sa tâche : se déplacer tous les soirs avec ses affaires, pas de protection de ses droits, aucun droit légal sur son activité, peu de capital accumulé, à la merci des bureaucrates. Peut-être même le coordonner est-il obligé de fournir des services gratuits aux gendarmes en contrepartie de quoi il pourra rester dans le quartier. Pour l’auteur, la tâche de cet individu deviendrait bien plus simple et sûre s’il possédait des droits légaux qui lui fourniraient protection (vis-à-vis de la police ou d’autres agents de l’Etat) et certitude en ce qui concerne la durée de son activité à long terme (laquelle ne dépendrait plus uniquement du travail bien réalisé). De plus, la stabilité de son activité pourrait lui permettre de songer à emprunter du capital pour acheter ou louer un local dans la zone, et ainsi d’augmenter ses revenus, d’embaucher de l’aide, d’épargner et d’accumuler du capital.