Quelles limites à la solidarité ? La solidarité voulue et déjà réalisée par les profession­nels et les pouvoirs publics peut-elle être renforcée sans nuire à l'intensification des exploitations agricoles dans leur ensemble ?

[eng] Can the existing solidarity realized by farm organizations and public authorities be strengthened without jeopardizing the entire intensification process of the farm ? . The economic machinery of agriculture threatens to collapse for different reasons among which the compulsory levies are often mentioned as the most important. . The farmers are actually the only social category to provide such an effort of internal solidarity. For this reason, we want to stress that this specific solidarity can not be extended indefinitely in its present form in the existing gloomy economic farming context. . In the prospect of renewed solidarity it is important to fix its limits (in our opinion, the criterion should be the gross added value per ha in order to favor an active employment policy) but also to avoid the dogmatisms of political ideologies. . We therefore propose a new legal framework for the farm, a «personal liability firm» where a good part of the solidarity charges could be included in the tax system. Now that the farming universe is opening up towards the rest of the economy, it would be a good thing to reconcile its legal and fiscal framework with that of the other social categories. . The limits to this solidarity are undoubtedly both sociological and economic : the approach consisting in increasing intra-agricultural levies in order to solve present difficulties means to maintain a kind of social discrimination towards agriculture by keeping it secluded form the rest of the economy. [fre] La machine économique agricole risque aujourd'hui de sombrer pour différentes raisons, et nombreux sont ceux qui mentionnent parmi celles-ci les prélèvements obligatoires. . En effet, les agriculteurs sont la seule catégorie socio-professionnelle à fournir un effort aussi important de solidarité interne. Aussi, en évoquant la notion de limite, nous voulons signaler que cette solidarité spécifique ne peut, ni ne doit progresser sans avoir revêtu de nouvelles formes dans ce contexte économique maussade que connaissent toutes les exploitations. . Ce qui est souhaitable dans cette perspective de renouvellement de la solidarité, c'est certes de chercher à en fixer les limites (le critère d'appréciation pour ce faire nous a semblé être, dans le cadre d'une politique active pour l'emploi, la valeur ajoutée brute à l'hectare) mais surtout d'éviter tous les dogmatismes que les idéologies politiques contiennent dans leurs discours. . Nous proposons, de façon plus pragmatique, d'appliquer à l'agriculteur un statut nouveau -l'entreprise à responsabilité personnelle- qui permettrait la fiscalisation d'une grande partie des charges de solidarité. Dans l'optique de décloisonner le monde agricole, de l'ouvrir sur l'extérieur, il serait bon de cherchera rapprocher, lorsque cela peut se faire, son environnement juridique et fiscal de celui des autres catégories socioprofessionnelles françaises. . Les limites de la solidarité sont certainement autant sociologiques qu'économiques : vouloir résoudre les difficultés actuelles du monde paysan par le biais d'une augmentation des prélèvements obligatoires intra- agricoles, c'est le renforcer dans son complexe d'assisté et le renfermer à nouveau dans une sorte de ghetto.