Evolution récente des situations économiques de l'Allemagne occidentale et du Royaume-Uni

[fre] Ainsi que l'a montré l'étude qui précède l'évolution de l'activité économique depuis la fin des hostilités n'a pas été uniforme dans les trois pays étudiés. Des divergences se sont produites, qui sont mises en lumière dans les graphiques ci-dessous ; expansion lente et régulière en Grande-Bretagne, à peine troublée par la récession de 1949, stabilisation en France après le redressement rapide qui a suivi la fin des hostilités, progrès très sensibles en Allemagne depuis 1948, le point de départ de cette expansion se situant à un niveau très faible. En ce qui concerne les prix, la période d'inflation rapide des premières années d'après-guerre semblait terminée aussi bien en Allemagne qu'en France, tandis qu'en Grande-Bretagne le Gouvernement travailliste réussissait à maintenir une stabilité relative malgré la dévaluation de septembre 1949. . La guerre de Corée a été à l'origine d'une situation conjoncturelle nouvelle dans les trois pays et les deux études qui suivent sont consacrées à l'examen de cette situation pour la Grande-Bretagne et pour l' Allemagne Occidentale. . Dans les deux pays, comme dans la plupart des autres dans le monde, on entre nettement après juin 1950 dans une période d'expansion, caractérisée par la hausse à la fois de la production et des prix. Ces manifestations ne durent que quelques mois : dès la fin de 1950 la production anglaise tend à plafonner, tandis que les progrès de la production allemande deviennent irréguliers. A leur tour, les prix de gros cessaient en avril ou en mai 1951 d'être orientés vers la hausse, à la suite du revirement constaté dans la conjoncture américaine. Toutefois les prix de détail continuaient à monter, et au mois de juillet 1951 le coût de la vie atteignait aussi bien en Allemagne qu'en Grande- Bretagne, un niveau particulièrement élevé. . Les causes directes d'expansion : tension internationale, dépenses d'armements, n'ont pas disparu, et il ne semble donc pas que l'on soit entré dans une phase de dépression, mais plutôt dans une période de rajustements devenus nécessaires après les anticipations trop rapides des spéculateurs dans la période antérieure. Au surplus, l'arrêt du développement de la production s'explique moins par l'insuffisance de la demande que par les difficultés d'approvisionnement en matières premières ou la pénurie de main-d'œuvre (cas de la Grande-Bretagne). . Ainsi, les difficultés d'ordre économique auxquelles les gouvernements des deux pays doivent faire face, ne sont pas celles qui apparaissent en période de dépression: insuffisance de l'emploi, manque de débouchés, etc..., mais celles qui se manifestent au début d'une période de réarmement: réadaptation de l'économie, pénuries diverses, dangers d'inflation. . Bien que ces difficultés soient de même nature elles ne se présentent pas tout à fait dans le même ordre dans les deux pays. En Grande-Bretagne la hausse du coût de la vie et les demandes d'augmentations de salaire sont au premier plan de l'actualité. Viennent ensuite le souci du redressement de la Balance des paiements et la nécessité de faire face à diverses pénuries comme celles de charbon et de main-d'œuvre. En Allemagne au contraire, les préoccupations dominantes portent sur l'approvisionnement en charbon et en acier ainsi que sur l'importation des matières premières nécessaires à l'industrie. Le problème des salaires et des prix se pose également puisque les hausses des salaires semblent avoir été plus que compensées par les hausses de prix mais en deuxième urgence seulement, tandis qu'en matière de paiements internationaux la situation de l'Allemagne s'est nettement améliorée comme l'attestent les excédents enregistrés vis-à-vis de l'Union Européenne de paiements. . En présence de ces situations, les solutions adoptées par les gouvernements des deux pays ne sont pas identiques : Les autorités allemandes cherchent d'abord à obtenir la réduction des exportations de charbon (la limitation de la production d'acier ayant déjà été suspendue depuis le mois d'avril) ce qui serait d'un effet plus immédiat que l'augmentation des rendements et de la productivité, tandis qu'en Grande-Bretagne, l'accent est mis surtout sur la lutte contre l'inflation, avec un renforcement des contrôles, et l'adoption de mesures destinées à limiter la hausse des bénéfices industriels et commerciaux, ce qui rendrait moins impopulaire, sinon le blocage des salaires, du moins l'octroi d'augmentations très réduites. . De toute façon, on se trouve dans une période conjoncturelle très instable, et les événements internationaux commandent dans une large mesure l'évolution de la situation économique à l'intérieur des pays étudiés.