La Turquie et le prêt américain

[fre] Contrairement à ce qui se passe en Grèce, l'aide américaine à la Turquie n'est pas destinée à ranimer une économie ruinée. L'économie turque est saine, mais le long effort qu'elle fait depuis des années pour sa défense nationale risque d'entraîner à la longue de graves perturbations. C'est pour lever cette hypothèque que le président Truman s'est décidé à inaugurer une politique d'appui financier massif à ce pays. La production agricole a été exceptionnellement favorable en 1946, et les échanges extérieurs, stimulés par une forte dévaluation, ont, pour la première fois depuis la guerre, approché le volume des transactions extérieures d'avant guerre. Pourtant la question des prix intérieurs et du coût de la vie reste grave ; le rajustement des prix turcs aux prix mondiaux n'a pas été suivi d'une stabilisation, et les prix d'un grand nombre de produits courants ont recommencé à monter, rendant précaire la situation des titulaires de revenus fixes. Pour remédier à cette situation, il faudrait que la productivité de la main-d'œuvre nationale fût accrue par un vaste plan d'équipement industriel et d'amélioration des transports. La Turquie a élaboré un troisième plan quinquennal d'industrialisation en 1946, mais n'a pu envisager facilement sa réalisation jusqu'ici en raison de ses préoccupations militaires. Cette réalisation devient aujourd'hui plus aisée, tant par suite de l'allégement de ses charges militaires que par les nouvelles possibilités de crédit en capitaux américains privés ou officiels.