La politisation du son, beaucoup de bruit pour rien ?

Extrait : […] le bruit est un cas d'école en quelque sorte tant le savoir sur lequel il repose associe à toutes les étapes l'humain et le subjectif. Experts et profanes savent ainsi à quel point saisir le bruit est une problématique complexe où la frontière objet/sujet est insaisissable et, lorsqu'elle est malgré tout saisi, artificielle. Notre propos n'est donc pas simplement de faire ici une nouvelle fois la démonstration que les phénomènes techniques sont toujours des phénomènes sociaux et parfois politiques, mais plutôt de nous interroger sur la persistance de ces frontières dans le discours […] Nous voudrions défendre ici l'hypothèse selon laquelle cette distinction est moins le résultat d'une erreur des acteurs qui n'observent pas le monde avec les bons outils que celle d'une compréhension par ces mêmes acteurs de la façon dont l'acte de discours entremêle toujours savoir et pouvoir. Autrement dit, le maintien d'une frontière répond moins à une vocation descriptive qu'à une intention performative afin d'organiser ou de préserver une certaine répartition des pouvoirs et en cela forme une activité politique à part entière. C'est pourquoi, après être revenu dans un premier temps sur la façon dont le bruit en général et le bruit routier en particulier forment un objet sociotechnique classique, nous voudrions aborder dans un second temps les processus politiques que génère une distinction entre le monde social et le monde technique. [...]