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Le Kondratiev à l'épreuve des mutations du capitalisme contemporain ?

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  • Eric Bosserelle

    (REGARDS - Recherches en Économie Gestion AgroRessources Durabilité Santé- EA 6292 - URCA - Université de Reims Champagne-Ardenne - MSH-URCA - Maison des Sciences Humaines de Champagne-Ardenne - URCA - Université de Reims Champagne-Ardenne)

Abstract

On se propose, dans cette communication, de s'interroger sur la soutenabilité du capitalisme contemporain en faisant une entrée par la problématique des ondes longues. Au cours de ces dernières années, la thèse selon laquelle l'économie mondiale était engagée dans une période de transition entre le cinquième et le sixième Kondratiev a été soutenue par plusieurs auteurs. J.B Moody et B. Nogrady (2010) anticipaient qu'à l'issue du déploiement de ce dernier, la croissance ne serait plus, comme par le passé, dépendante de la consommation irréversible des ressources naturelles. D. Nacken (2013) relevait qu'au cours du sixième Kondratiev (le « Kondratiev vert ») la croissance prendrait sa source dans un nouveau mélange d'économie, d'écologie et d'engagement social, changement structurel qualifié par l'auteur de « mondialisation verte ». Rappelant que le mode de développement qui a accompagné le déploiement du cinquième Kondratiev a été incapable de prévenir la pollution pétrochimique dans ses diverses formes, M. Wilenius (2014) soulignait que dans le cadre du sixième Kondratiev, l'accroissement de la productivité devra s'appuyer sur un usage décroissant des ressources non renouvelables et sur une intensité énergétique plus faible. G. Silva et L.C. Di Serio (2016), pour leur part, ont affirmé que la soutenabilité environnementale occuperait une place centrale au cours de la sixième onde longue de croissance. Sans se référer au Kondratiev, d'autres auteurs se sont également interrogés sur la trajectoire empruntée par le capitalisme contemporain. R. Heinberg (2012), par exemple, a soutenu que la croissance économique au niveau mondial était terminée et que le capitalisme se trouvait à un tournant de son histoire, la trajectoire expansionniste de la civilisation industrielle étant désormais confrontée à des barrières naturelles non négociables. J.-K. Galbraith (2015), quant à lui, relevant que le coût de l'énergie et l'urgence écologique imposaient désormais une limite à l'expansion (qui crée par ailleurs beaucoup moins d'emplois en raison de la révolution numérique), soulignait qu'il ne fallait plus espérer à l'avenir le retour d'une croissance forte. Prenant acte de ces prises de position qui abordent à des degrés divers les questions de transition et/ou de soutenabilité du développement capitaliste, cette communication prend pour point de départ le constat suivant. Historiquement, les longues phases de difficultés économiques majeures (les « phases B ») qu'a traversé le capitalisme se sont toujours accompagnées d'intenses mutations structurelles (que l'on songe à la période de l'entre-deux-guerres ou à la grande dépression de la fin du 19ème siècle), ce qui a été pleinement confirmé par la période qui s'est ouverte avec la décennie 1970. Pour autant, si jusqu'à cette dernière, elles ont toujours été suivies par de longues phases à dominante expansive (les « phases A »), le fait que la phase B qui s'est enclenchée au seuil des années 1970 déroge à ce schéma historique interpelle. Certes, les auteurs, très minoritaires, qui ont affirmé que le quatrième Kondratiev qui s'est mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale était toujours en cours au début du 21ème siècle, ont insisté sur l'étendue « indéfiniment prolongée » (P. Boccara, 2008), « tout à fait exceptionnelle » (P. Mason, 2015), « totalement atypique » (M. Roberts, 2016) de sa phase B, mais on ne saurait se satisfaire de ce constat. Selon nous, c'est bien la question de la poursuite de ce mouvement qui doit être posée. Au cours des années 1990, et conformément à la trajectoire qui a été en oeuvre depuis la fin du 18ème siècle, on aurait pu s'attendre à l'enclenchement d'un nouveau Kondratiev, mais il n'en fut rien. C'est dire combien la dynamique du capitalisme contemporain demeure traversée par des contradictions et des difficultés d'ordre structurel qui posent, plus que jamais, la question de sa soutenabilité. A.V. Korotayev, S.E. Bilyuga et A.R. Shishkina (2020) pointent d'ailleurs qu'au cours des années 1970, la plupart des grandes tendances (macrotrends) qui étaient en oeuvre à l'échelle mondiale se sont inversées (depuis le début des années 1970, le rythme du développement historique n'accélère plus mais ralentit), tandis que T.C Devezas (2020), soulignant que l'économie mondiale est actuellement engagée dans une période de transition vers un système socio-économique totalement nouveau, n'exclut pas que la trajectoire ondes longues soit brisée. Cette communication s'articule en trois parties. La première explique pourquoi la question de la poursuite du Kondratiev au-delà des années 1970 est une question importante qui mérite d'être posée. Partant de la distinction entre dynamique de la production et dynamique des prix en longue durée, la seconde revient sur la double dimension du Kondratiev et rappelle qu'à travers ce mouvement c'est bien d'ondes longues et non de cycles longs dont il s'agit, d'où l'incertitude radicale qui accompagne le déroulement des phases B. Dans la troisième partie, tirant les enseignements de la période ouverte depuis les années 1970, on défend l'idée selon laquelle en tant qu'onde longue de croissance, le Kondratiev a cessé de se manifester depuis cette époque, mais qu'en tant qu'onde longue des prix (des produits de base), sa trajectoire s'est poursuivie, ceci jusqu'à nos jours.

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  • Eric Bosserelle, 2022. "Le Kondratiev à l'épreuve des mutations du capitalisme contemporain ?," Post-Print hal-03713758, HAL.
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