Peut-on interpeller les équipes dirigeantes d'entreprise sur les formes du travail salarié ?

Dans les années 60, le terme de tristesse revient souvent sous la plume de ceux qui observent le monde du travail et plus particulièrement celui des ouvriers. Certains en appellent même au hors travail pour éviter la dévalorisation intime du travailleur 1. Pourtant à partir des années 70, les nouvelles technologies, l'automation semblent porteuses de la construction d'un autre rapport au travail. L'amélioration de la situation de l'emploi, la constitution des avantages sociaux font même taire, jusqu'au dernier trimestre 2008 les voix des sociologues, des médecins et des travailleurs sociaux qui évoquent la souffrance au travail et la montée de la précarité. Bien plus si la « qualité de l'emploi » figure dans les objectifs de la stratégie européenne pour l'emploi (stratégie de Lisbonne), les indicateurs élaborés pour en suivre les progrès n'ont guère été utilisés jusqu'à maintenant. Il faut qu'un cadre dirigeant soit interpellé par les semaines sociales de France pour qu'il réfléchisse aux modalités de sélection, de recrutement dans son entreprise et découvre les pratiques discriminatoires. Il faut une conférence sur éthique et management pour qu'un chef de service prenne conscience du stress qu'il impose aux salariés de son équipe sous le vocable « management de projet ». Notre réflexion a pour objet de faire apparaître les évolutions relatives des formes de travail, les sources de précarisation qui s'insinuent dans les entreprises et les organisations pour donner aux philosophes et aux théologiens les points d'ancrage d'une analyse contemporaine.