Derrière les circuits courts alimentaires : un même engagement, deux modèles de fonctionnement

Le secteur agricole subit de profondes transformations, tant sous l'influence du digital (utilisation de drones, analyse des sols, etc.) que par un mouvement de retour au local à de proximité avec les producteurs. Si la perspective stratégique a été jusqu'ici sous exploitée pour appréhender ce domaine (Jeanneaux & Blasquiet-Revol, 2012) des recherches ont été menées pour mettre en évidence les éléments éthiques ou de RSE liés à cette activité tant en France (Brulé, 2009; e.g. Fulconis & Joubert, 2009) qu'à l'étranger (e. g. Griffiths, 2011; Loconto & Simbua, 2012). Les circuits court se développant grandement en France, nous avons choisi d'aborder ce mouvement au travers de l'angle des business models sociaux (Faivre-Tavignot, Lehman-Ortega, & Moingeon, 2010; Yunus, Moingeon, & Lehmann-Ortega, 2010). En nous appuyant sur cinq modalités de circuits courts (AMAP, points de vente collectifs, vente à la ferme, La Ruche Qui Dit Oui et magasins avec achat local) nous mettons en évidence que les entrepreneurs des circuits courts partagent en grande partie une vision de la valeur partagée (Porter & Kramer, 2011), tant du point de vue social, économique, qu'environnemental. Toutefois, deux grands modèles se dégagent : l'un cherchant à articuler les intérêts des différents acteurs (La Ruche Qui Dit Oui et magasins avec achat local), l'autre favorisant le producteur par rapport aux autres acteurs (AMAP, points de vente collectifs, vente à la ferme).