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L'engagement du chercheur indigène : comment accéder à l'étrangeté sur un terrain familier ? Entretiens croisés de deux chercheurs indigènes

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  • Maïlys Torche

    (NIMEC - Normandie Innovation Marché Entreprise Consommation - UNICAEN - Université de Caen Normandie - NU - Normandie Université - ULH - Université Le Havre Normandie - NU - Normandie Université - UNIROUEN - Université de Rouen Normandie - NU - Normandie Université - IRIHS - Institut de Recherche Interdisciplinaire Homme et Société - UNIROUEN - Université de Rouen Normandie - NU - Normandie Université)

  • Boris Collet

    (NIMEC - Normandie Innovation Marché Entreprise Consommation - UNICAEN - Université de Caen Normandie - NU - Normandie Université - ULH - Université Le Havre Normandie - NU - Normandie Université - UNIROUEN - Université de Rouen Normandie - NU - Normandie Université - IRIHS - Institut de Recherche Interdisciplinaire Homme et Société - UNIROUEN - Université de Rouen Normandie - NU - Normandie Université, UNIROUEN - Université de Rouen Normandie - NU - Normandie Université)

Abstract

La position du chercheur à l'égard de son terrain est un questionnement récurrent en sciences humaines et sociales. Ce questionnement est mené par le chercheur pour mieux comprendre et expliquer dans quelles circonstances les connaissances proposées ont été produites. Avec la pratique de l'ethnographie, enquête qui nécessite une observation prolongée en situation, le chercheur est au cœur de l'investigation. Il est directement impliqué sur le terrain qu'il étudie et tire une expérience personnelle de son enquête de terrain (Caratini, 2012). L'engagement de l'ethnographe est d'ordre multiple: engagé dans son enquête, sur son terrain et en société (Cefaï et al., 2010). La notion d'engagement est ouverte à l'étude sous ses différents aspects. Cet engagement est pertinent à élucider dans la pratique ethnographique. Il permet d'expliciter son implication et son expérience d'enquêteur pour mieux appuyer sa production scientifique. L'ethnographe n'est pas "vierge de tout" lorsqu'il entreprend son enquête. Avant même son investigation, il est engagé, avec des idées préconçues sur le terrain investigué. Avec cet élan récent que l'on observe dans la pratique de l'ethnographie à étudier des groupes restreints proches de soi voire à pratiquer l'auto-ethnographie (Holbrook, 2005; Ellis et al. 2010), on remarque que l'ethnographe est même parfois un "indigène" du terrain étudié. On entend par "indigène", une personne qui est déjà un participant du terrain qu'il se met alors à étudier, une personne acteur et chercheur (Schnapper, 2011) sur le terrain investigué. Cette personne indigène, acteur du terrain, est pour autant un chercheur ou aspire à le devenir. En double casquette, l'acteur-chercheur pratique une ethnographie avec des engagements, pertinent à étudier pour comprendre les avantages et les limites de cette posture spécifique, d'autant plus que celle-ci pose des enjeux de légitimité en communautés scientifiques (Weber, 2011). Schnapper (2010) propose de parler de chercheur en « participation observante » (p. 13), ce qui témoigne des engagements intenses que connaît le chercheur indigène. La notion d'indigène ici n'est pas issue de l'anthropologie indigène (Melliti, 2006 ; Gallois et al., 2016) ni des différents travaux post-colonialistes (Affergan, 2002). Nous entendons par chercheur indigène, un(e) chercheur(e) qui fait partie de son terrain de recherche précédemment au début de son enquête. Cette appartenance antérieure à un groupe socio-culturel est un exemple des particularités des nouveaux terrains de l'ethnographie (Ghasarian, 2002). L'ethnographe est dit indigène lorsqu'il est originaire (ou natif) de son terrain d'enquête, qu'il en est considéré comme un membre, un participant et qu'il en maîtrise le langage et les codes. L'anthropologie, discipline qui consiste à nous étonner de ce qui nous est le plus familier et à rendre plus familier ce qui nous est étranger (Laplantine, 2010), nécessite un étonnement pour produire de la connaissance : un étonnement de ce qui est familier ou étranger et à le rendre plus familier dans la restitution des connaissances. Dans cette perspective, nous nous sommes demandé, comment le chercheur en posture indigène peut-il accéder à cet étonnement et produire de la connaissance ? Comment rendre plus familier ce qui est déjà familier, ayant lui-même, par exemple, incorporé (Mauss, 1934) silencieusement le langage de son terrain et des termes techniques qu'il n'a pas l'habitude de traduire ? L'ethnographe peut être confronté dans sa pratique à différentes formes ou régimes d'engagement (Thévenot, 2006) : acteur, chercheur, consommateur, participant, militant, fan, etc. Comment osciller entre ces différentes perspectives ? Engagés sur nos terrains, nous nous sommes demandé comment nous étonner dans la familiarité et comment produire de la connaissance et la restituer avec pédagogie.

Suggested Citation

  • Maïlys Torche & Boris Collet, 2017. "L'engagement du chercheur indigène : comment accéder à l'étrangeté sur un terrain familier ? Entretiens croisés de deux chercheurs indigènes," Post-Print hal-01666965, HAL.
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