Deux défis pour le XXe siècle

L'article tire un bilan de la crise financière asiatique et analyse les diverses propositions faites depuis lors en vue d'en éviter la répétition. Il ressort que la globalisation financière a destabilisé les effets potentiellement favorables de l'ouverture au commerce international et à l'investissement productif. La crise de 1997 s'est diffusée à un grand nombre d'économies, mais selon des modalités propres à leur mode de régulation. Par ailleurs, l'essor de la finance demeure très inégal selon les pays, car Etats-Unis et Grande-Bretagne occupent une place exceptionnelle. On souligne que la crise financière de 1997 n'a pas eu les conséquences déflationnistes de celle de 1929, sous l'effet des transformations institutionnelles intervenues depuis lors et de la prise de conscience des responsables politiques. Néanmoins, la généralisation des stratégies de croissance par les exportations tend à répéter les situations de surproduction, encore aggravées par la plasticité des flux de capitaux internationaux. Dès lors,le XXe siècle devrait marquer une double inflexion. D'abord par la recherche d'un meilleur équilibre entre dynamique interne et extraversion. Ensuite et surtout par la mise en oeuvre d'une série de réformes destinées à éviter la répétition de crises financières majeures. On discute les mérites comparés de diverses options: négociation d'un nouveau système international, plan Brady pour les banques, renforcement des règles prudentielles, meilleure évaluation du risque, recherche de la transparence des flux de capitaux courts, extension de nouveaux marchés d'options ou encore institution d'une taxe de Tobin. En tout état de cause, il serait dangereux d'opérer des bouleversements struturels dans l'organisation productive et sociale des économies en réponse à la seule pression qu'exercent les marchés financiers internationaux. Enfin, la constitution de zones d'intégration régionale définit une voie moyenne entre une internationalisation tous azimuts et un repli protectionniste sur l'espace national.