Choix technologique face à une demande fluctuante dans un marché contestable : Estimation économétrique sur un panel d'entreprises du secteur manufacturier ivoirien

Le secteur manufacturier ivoirien a rencontré pendant les années 80 une très forte instabilité de la demande intérieure. En dépit de la forte dépendance des entreprises vis à vis des débouchés intérieurs, de nombreuses firmes même sous-optimales ont connu des durées de vie relativement longues. Se posent alors les problématiques suivantes. Comment des entreprises sousoptimales se situant sur la lisière du marché survivent-elles à long terme face aux fluctuations de la demande? Mais aussi quelles sont les conséquences à long terme d'une demande fluctuante sur le choix technologique des firmes? L'objet de cet article est donc dexpliquer comment une configuration hétérogène de long terme face à une demande fluctuante peut apparaître. Pour cela, on modélise à partir de la théorie des Marchés Contestables 1 BAUMOI, PANZAP, WlWG (1982), ENCAOUA et MOREAUX (1987) un jeu dynamique où toutes les firmes choisissent à la Première Période la technologie voulue par l'intermédiaire du prix et à la seconde période, décident dentrer ou non sur le marché. On obtient une configuration hétérogène seulement si la demande à l'état le plus faible coupe la courbe de coût moyen de l'industrie sur la partie croissante. Dam le cas d'une structure hétérogène l'arbitrage entre technologie statiquement efficiente et technologie flexible induit une relation négative entre la variabilité de la demande subie par l'entreprise et la taille et la flexibilité de l'entreprise. Face à cette constatation d'une différence de sensibilité aux fluctuations de la demande selon la technologie choisie par les entreprises, une estimation économétrique à été effectuée sur un panel de 63 entreprise appartenant au secteur manufacturier ivoirien sur la période 1983-1989. L'hypothèse de l'existence d'une configuration hétérogène de long terme n'est pas rejetée par nos résultats économétriques. En effet, les entreprises les plus efficientes optent pour la " fixité " de la technologie de production et la main-d'oeuvre et par conséquent pour des technologies à forte intensité capitalistique nécessitant un personnel qualifié. Les autres fumes, en revanche, privilégient des technologies faiblement capitalistiques. De plus, on constate que les Politiques &Ajustement Structurels, malgré la mise en place des restructurations et des mesures de libéralisation, n'ont pas eu d'impacts très significatifs sur la variabilité de la production et du travail. Ceci rejoint les conclusions du rapport Banque Mondiale [RUEDA-SABATER et STONE (1992)].