Titre IX. — Salaires, emploi, main-d'œuvre

[fre] Le premier chapitre, consacré à l'évolution récente des salaires en Europe montre que la hausse très sensible des salaires nominaux enregistrée dans tous les pays ne se traduit pas, dans l'ensemble, par une élévation des salaires réels, qui marquent presque généralement une régression assez accusée. Ce phénomène s'explique par le déséquilibre plus ou moins accentué entre la masse des revenus monétaires et le volume des biens et services disponibles, et par le fait que les politiques des salaires et des prix appliquées dans les différents pays n'ont pas fait preuve, dans l'ensemble, d'un efficacité suffisante ; on enregistre, dans un grand nombre de cas, une élévation du coût de la vie plus rapide que la hausse des salaires nominaux. . Le problème des salaires se double d'un problème de main d'oeuvre, qui ressort de l étude des statistiques relatives à l'emploi (chapitre II) ; ces statistiques font en effet apparaître qu'un certain nombre de pays européens ont actuellement atteint ou même dépassé le stade du « plein emploi », c'est-à-dire que leurs réserves de main-d'œuvre sont pratiquement épuisées. Il importe d'examiner quelles possibilités s'offrent encore à ces pays en ce qui concerne une utilisation plus intense dé leur propre main-d'œuvre, ou le recours à la main-d'œuvre étrangère. Ces questions sont analysées dans un dernier chapitre, où sont étudiés plus précisément les problèmes actuels d'aménagement de la main-d'œuvre en Europe. . Avant la récente guerre, l'équilibre du marché du travail européen se réalisait assez aisément, car les pays industrialisés de l'Europe occidentale faisaient appel à la main-d'œuvre des régions surpeuplées d'Europe Orientale et Centrale. . En outre, l'Italie, dont la densité de peuplement est très élevée par rapport aux ressources disponibles fournissait également des contingents importants de travailleurs aux pays voisins de l'Europe Occidentale. . A l'heure actuelle, en l'absence de mouvements migratoires de quelque importance entre l'Est et l'Ouest européen, le principal réservoir de main-d'œuvre pour l'Europe occidentale et septentrionale est l'Italie. Il faut également tenir compte de la « réserve de main-d'œuvre » constituée par les « personnes déplacées » et les prisonniers de guerre, cette dernière ressource étant essentiellement provisoire. . Depuis la fin des hostilités, des accords bilatéraux de transfert de main-d'oeuvre ont été conclus entre l'Italie et divers pays. . En outre, le Comité de la Main-d'Œuvre institué par la Conférence des « 16 » de juillet 1947, s'est efforcé de faciliter les déplacements de main-d'œuvre entre les différents pays participants.. La nouvelle orientation économique des pays de l'Europe Orientale et Centrale depuis la libération implique une nouvelle répartition de la main-d'œuvre, car les objectifs d'industrialisation que ces pays se sont fixés nécessitent une redistribution de main-d'œuvre et la formation de travailleurs qualifiés.