La (re)construction du fait régional au Monténégro Productions et représentations territoriales entre héritage et idéologie

Avec la redéfinition des frontières internationales issues de l’éclatement de la Yougoslavie, de « nouvelles minorités » sont apparues au Monténégro dans un contexte de guerre et de radicalisation des discours nationaux. Le regroupement territorial de ces groupes minoritaires a rendu possible l’articulation de revendications nationales et territoriales qui se sont traduites sous forme d’ethno-régionalismes plus ou moins virulent, en particulier dans le cas des Musulmans du Sandžak, des Albanais d’Ulcinj et de Tuzi et des Croates des Bouches de Kotor. Une nouvelle situation s’instaure avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement anti-Milošević au Monténégro en 1998 et la longue marche du pays vers l’indépendance. Celle-ci aboutit à une situation originale dans les Balkans, les minorités ayant très tôt adhéré au projet indépendantiste monténégrin. Cette oscillation entre ethno-régionalisme, caractérisé par des revendications autonomistes ou sécessionistes, et régionalisme local, caractérisé par la défense d’intérêts locaux et par l’allégeance de facto au pouvoir central, est lisible dans les représentations régionales des populations monténégrines, appréhendées à travers la technique des cartes mentales.